La Transat à bord de Marcel Forever Partie I

Bonjour à tous,

Cela fait une bonne quinzaine de jours que j’ai commencé à écrire le récit complet de ma transat…ce n’est pas évident de raconter une si longue navigation, voici la première partie.

Parade 13.10.2013 sous spi

Le départ était fixé au 13, nous sommes finalement partis de Douarnenez le 29 octobre après une longue attente durant laquelle je continue d’aller et venir pour régler les derniers détails, je n’arrive pas vraiment à me poser et mon sommeil est de mauvaise qualité, je passe du temps à suivre la météo qui n’est vraiment pas réjouissante, un vrai train de dépression hivernal… une fenêtre finit par s’ouvrir…Beaucoup d’émotions au départ du ponton, dans le bon timing… je sors trop sous toilé et le vent baisse… je me décide enfin à renvoyer le ris du solent quelques minutes avant le départ qui est moyen mais je réussis à partir au comité comme je voulais, sans prendre de risques… encore pas mal de stress jusqu’au Raz de Sein mais je gère… c’est partit, enfin!!

 

Je passe le Raz en milieu de flotte, je sais que les premiers ont envoyé le gennaker, il y a encore largement plus de 30nds dans les claques et la mer va se former en s’éloignant de la côte, je décide de temporiser… En effet à la tombée de la nuit dans le sud de la baie d’Audierne, c’est déjà la fête… au moins 4 mètres de creux et quelques vagues dangereuses, le vent ne dépasse pas 30/32nds dans les rafales… A la première vacation, 9h après le départ, nous apprenons que la course est neutralisé et qu’une arrivée sera mouillée à en baie de la Corogne, à Sada…

 

36h plus tard alors que je viens de passer le premier front et que j’essaie de faire avancer Marcel vers l’Ouest avec un vent variable entre 1 et 3 nds et une mer croisée assez grosse, je réalise: la dépression a accéléré et/ou nous sommes trop en retard sur le routage prévu, je vais donc droit au carton au Cap Ortegal. Parrallèlement la flotte se replie progressivement sur Gijon. Je ne souhaite pas aller tout seul dans la baston, je pense aussi à la suite de la course et prend finalement ma décision alors que je suis à 80milles du cap Ortégal et 110milles de Gijon dans la pétole. Le vent revient du sud-ouest dans la nuit avec de la pluie et une forte instabilité, le lendemain matin la décision de la direction de course tombe, l’étape est annulée, ouf!

 

Arrivé à Gijon, il s’agit pour moi de tirer un premier bilan et de régler encore quelques détails techniques. L’escale sera finalement plus longue que prévue car la météo est vraiment difficile avec des vents soufflant toujours violemment de l’ouest et une mer encore forte sur la route pour Sada. La décision tombe, un départ sera donné à Sada le 11/11 pour 3700milles vers Pointe-à-Pitre via une porte mouillée devant Lanzarote.

 

Je pars de Gijon pour rallier Sada le 6/11 avec un groupe d’environ une quinzaine de bateau. Nous passons la journée et le début de nuit dans du vent faible de NW, en fin de nuit le vent rentre au SW puis forcit, à 10h TU il y a 35nds établi avec des claques au dessus de 45nds, la mer se forme… Je décide de virer tribord et de tirer à la côte dans le refus. En effet le vent est moins fort et la mer plus maniable dans une bande d’environ 3/5milles le long de la côte, je tire des bords dans cette bande, le vent augmente encore et commence à prendre un peu de droite, nous décidons de nous abriter le temps que le front passe, je repars le 8/11 en milieu de matinée…

 

En sortant de la baie de St-Cyprian, la mer est tout de suite formée et environ 10 minutes après le passage de la digue le premier grain rentre, environ 50nds dans la claque!! Ca nous annonce la couleur. Après ce grain il fait assez “beau”, le vent est établi à 30nds et la mer est forte mais preque pas croisée… les fous de bassan planent sur les vagues, Marcel paraît à son aise, c’est magnifique…

 

Nous passons le cap Estaca de Barres et la nuit tombe… ce sera une dure nuit… la mer se croise progressivement et devient méchante, les grains sont violents et de plus en plus nombreux, la nuit est noire. Le traffic est aussi assez dense, entre les autres minis, les pécheurs, cargos… il faut rester très vigilant… Vers 2h30TU le MOD70 GitanaXV me double environ 1miles sous le vent, vire et croise devant moi à environ 1/4 de milles. J’aperçois la silhouette du 70 pied et vois nettement le puissant feu vert par intermitence entre les vagues, magique… Ils s’en vont traverser directement, j’entends leur conversation VHF… vingt minutes plus tard l’AIS me signale “Oman sails” mais celui-ci croisera plus loin!

 

Arrivé à Sada au petit matin après un dur convoyage, au final la cloison avant est cassée nette et il y a un peu de travail dans le gréement et sur les voiles avant de repartir! Une fois de plus la météo n’est pas avec nous et le départ est finalement reporté au 13/11 à 9h. De mon coté cela me laisse 72h pour me remettre du convoyage et me préparer à effectuer une navigation de 3700milles avec Marcel… Déposer la GV et le Solent à la voilerie, réparer la cloison, faire les courses…une vraie course avant la course…

 

Le dernier soir je profite d’un bon repas au restaurant avec les potes et réussis à me coucher pas trop tard après les derniers coups de fil… je trouve le sommeil rapidemment…Levé à 5h pour un départ à 9h.  Je quitte le ponton vers 8h, dehors les conditions sont parfaites pour un départ, 12nds mer plate, vent quasi dans l’axe du premier obstacle, pas besoin de bouée de dégagement. Ce sera un bon départ pour moi , c’est parfait, le bateau est réglé et lancé au top départ, quel plaisir…

 

Dès la sortie de la baie il y a 32/33nds de vent et la mer est forte, une entrée en matière assez violente…je décide de préserver le matériel à tout prix…nous partons pour 3700milles! Malgré tout, les deux premiers empannages sont assez violents et la GV est déchirée sur une barre de flèche! Je passe une bonne partie de l’après midi la Grand-Voile sur le pont pour réparer et renforcer en préventif! En fin de journée et début de nuit je navigue sous GV deux ris et code 5 arisé. Vers 2h TU le vent monte une première fois au dessus de 40nds pendant à peine deux minutes, comme un avertissement… je me dis que c’est juste une claque… dix minutes plus tard le vent est établi vers 42nds avec des rafales très violentes… je suis en vrac… j’affale le code5 et installe le tourmentin en me disant que ça peut monter encore plus fort…Je ferai finalement route sous trois ris / tourmentin pour le reste de la nuit.

 

Le lendemain, 14/11, le vent reste fort toute la journée et la mer reste grosse et croisée, parfois limite dangereuse…

 

A suivre…