La Transat à bord de Marcel Forever Partie II

Le lendemain, 14/11 le vent reste fort toute la journée et la mer reste grosse et croisée, limite dangereuse… Au couché du soleil j’ai l’impression que cela commence à s’améliorer… la nuit sera en effet moins dure que la précédente, les rafales sont moins fréquentes et moins fortes…

Au petit matin, le 15/11, au large du cap Saint Vincent, la mer commence à s’organiser, c’est un peu moins le chantier… je décide d’envoyer à nouveau le code5 arisé à la place du gennak …Au final on va plus vite et c’est plus confortable…mais vers 12h une vague attrape l’étrave de Marcel en fin de surf, c’est le premier gros départ à l’abatée de la transat… A première vue plus de peur que de mal mais vers 16h je m’aperçois que la pile à combustible ne fonctionne plus… vue les dures conditions de mer et ma confiance aveugle dans cette pile je n’ai pas sorti mes panneaux solaires de la journée… mes batteries ne sont pas au top, quelque chose comme 25% pour la 1ère et 40 pour la seconde… Dans un premier temps je décide de sortir mes deux panneaux pour exploiter les derniers rayons de la journée qui filtrent à travers de gros nuages, c’est toujours ça de pris! Mon experience avec la pile me dit déjà que ca ne sent pas bon…

Le lendemain 16/11, la mer commençe à bien s’assagir et le vent à se stabiliser vers les 25nds, j’ai passé la nuit à beaucoup barré pour économiser l’énergie, je peux remettre le bateau sous pilote dès que le soleil me fournit suffisament d’énergie mais ce n’ai jamais suffisant pour assurer une bonne recharge…petit à petit mes “piles” tombent en desous de 12V…

La lecture du manuel ne donne rien de productif, après avoir checké à plusieurs reprises les différentes pannes possibles, je me résouds…il faudra sans doute s’arréter à Lanzarote pour trouver un moyen de recharger correctement…je me donne un temps pour voir encore si avec plus de soleil? je prendrai la décision en approche des îles, suivant le niveau de mes batteries…

Le 17 et le 18, je barre beaucoup et retrouve la confiance pour faire avancer Marcel à fond, je commence enfin à connaître mes spis correctement! La descente vers Lanzarote est un vrai plaisir, je fonce sous spi medium, même si le niveau batterie ne remonte pas, je suis content d’être enfin dans l’alizée! A ce moment je me dis que ça devrait être un peu comme ça jusqu’en Gwada.

18 vers 20h, je suis arrivé sur mon waypoint devant le port de Arrécif, mes batteries sont vers 11V je n’ai plus de pilote et bientôt plus de VHF. Je rentre dans le port sous GV 2 ris seule, c’est sur ça ne va pas très vite pour louvoyer dans ce vent de terre instable mais cela me laisse le temps d’identifier chaque cardinale avec certitude, il ne s’agit pas de faire une conn…! A 21h45 je suis à quai.

Le 21/11 à 1h30TU je reprend enfin la mer, cette fois ca y est, finit le “semi-cotier”, je pars traverser l’Atlantique avec Marcel. Il reste environ 10nds de vent synoptique mais sous le vent de l’Archipel, le flux est très pertubé… Je décide donc de piquer vers le sud pour me dégager, je sais que ça risque d’être mou au nord à cause d’une dépression orageuse quasi-stationnaire situer dans le nord-ouest des Canaries et à ce moment là j’ai confiance dans l’alizée…tout les éléments m’incitent à descendre sur leur route…

Après trois jours sous spi de tête et GV haute je tombe dans la pétole, je m’englue, le temps passe, c’est de pire en pire… les premiers jours je n’ai pas réussi à faire fonctionner ma BLU. C’est donc  à la vacation météo du 26/11 que je commence à comprendre… Alizée bien établie à l’ouest du 52° est une des phrase qui me restera sans doute à vie en tête…

Je comprends alors qu’il s’agit d’une vraie rupture d’alizée, il faut donc remonter vers le nord pour passer la dépression orageuse, passer le front puis le vent reviendra progressivement à l’est…

Après 48h de pétole bien gluante Le vent repart doucement par le sud ouest puis s’établi rapidement au sud pour une dizaine de noeuds en moyenne.Après une nuit sous gennak à 3/4nds pour seulement 1,5/3nds de vent, au petit matin nous avançons bien, sous spi de tête sur la route mais je sais que le vent devrai rapidement forcir tout en refusant, le temps reste orageux…

Dans l’après midi je suis déjà à fond sous gennak, en fin de journée il y a déjà 24/25nds, le vent continue de refuser et la pression descend…je ne tiend plus le gennak et décide d’affaler.

Je déboule encore à 13 ou 14nds, la visibilité n’est pas très bonne… mais avec la tombée de la nuit j’aperçois deux petites lueurs sur l’horizon. Nous sommes à environ 400milles dans le NO du cap vert j’imagine presque tout de suite que ce sont des Minis. Les deux lueurs se font rapidement de plus en plus nette...A tous les minis, A tous les minis, A tous les minis, du 491 Marcel For Ever, du 4, 9, 1 Marcel For Ever, est-ce que quelqu’un me recoit? Deux fois, toujours rien… après 5 minutes j’entend que quelqu’un essaie de me parler sans pouvoir comprendre, encore quelques minutes plus tard, les lueurs sont devenues bien nettes, j’entend Axel(229) nettement dans la VHF.

Dans un premier temps je suis très content de pouvoiir parler à quelqu’un, ca fait déjà 7jours que l’on est repartit de Arrécif. Mais cette joie est immédiatement altéré, Axel m’annonce qu’il arrété, à la cape, à coté de Fanch(159) qui n’a plus de barre suite à de gros soucis sur l’axe principal. Je prend Fanch à la VHF, il paraît à la fois serein et à bout…

De mon coté j’avoue, à ce moment précis je ne sais pas ce que je dois faire, m’arrêter à la cape avec eux…attendre que Fanch puisse faire route? Je réfléchit mais je me dis qu’il y a déjà Axel, ils naviguent ensemble depuis plusieurs jours…Fanch ne dirige plus son bateau pour le moment, mais il flotte et a de l’eau à courir, il est en sécurité. Il me demande clairement de ne pas m’arrêter, je décide alors de continuer, il insiste aussi auprès d’Axel pour qu’il reparte.

Axel repart donc 1 mile derrière moi, nous laissons Fanch dans la nuit noire, nous savons tous les trois que le front arrive. Le vent va donc continuer de forcir en allant vers l’ouest. 2h plus tard j’hésite carrément à faire demi-tour, je me raisonne en me disant que même si je réussissai à retrouver le 159, cela ne servirai sans doute à rien. Nous croisons un gros voilier, je lui raconte les faits avec précision et lui demande de faire suivre à la direction de course par E-mail…

En effet le vent refuse et forcit, nous sommes maintenant au près, il y a 34/35nds établi et les grains sont courts mais violents avec des rafales qui passe les 50nds. Heureusement la mer est formée mais pas trop méchante, à l’avant du front… au lever du jour je suis dans la pétole et la mer croisée, juste derrière le front. Le vent revient rapidement par l’ouest, c’est repartit au près mais en tribord cette fois!

Le vent adonne rapidement et nous sommes au près sur la route dans 12/15ndsde vent. Quel plaisir de naviguer enfin sur le cap à une vitesse correct! Dans la nuit le vent continue d’ adonner et je peux envoyer le gennak… au lever du jour je change déjà le gennak pour le code5… que je garde jusqu’en fin de journée…Axel a envoyé son spi médium avant moi, il me passe sous le vent à peut-être 50m pendant que je fais la manoeuvre, il a la vidéo!! Mais je ne l’ai pas encore récupéré…

J’ai bon espoir que ce nouveau vent se cale au NE, sommes nous enfin dans l’alizée qui se reconstruit progressivement? je l’espère mais le vent reste bien nord et la pression remonte rapidement, nous repassons en conditions anti-cyclonique mais il y a toujours beaucoup d’instabilité, le temps reste orageux.

Je pense que nous sommes enfin en train d’accrocher l’ anticyclone des Bermudes.

 

A suivre…